Cet été Anton Makassar est passé par Venise en allant en Grèce, il nous a envoyé ceci :
La merde, même chère et emballée dans un palais vénitien reste de la merde, la visite du Palais Pinault à Venise est une expérience extrêmement déprimante, ce palais (anciennement Palazzo Grassi) qui avait déjà été défiguré par Gae Aulenti avec les Lires d’Agnelli ne méritait sûrement pas ce supplément de médiocrité que lui confèrent les €uros de Pinault. Les italiens qui ont inventé pour notre bonheur « l’arte povera » ne méritaient pas de se voir infliger « l’arte monetaria » même si Berluscon en eût été capable. Autant exposer des valises de billets, ça serait plus honnête. L’absence de pensée y est maquillée en génie, le vide vendu pour de la profondeur. Les bites en pâte à modeler alternent avec les têtes de morts en casseroles et les filles portent des talons aiguilles, les oeuvres affichent leur facture, au sens monétaire, et si ça ne suffit pas le cadre est là pour en rajouter. Les références multiples, de la tapisserie de Bayeux à Cy Twombly, sont censées légitimer des croûtes, et les commentaires vous disent quoi penser. Si ça vous évoque ‘le roi est nu » vous avez perdu.
Sans vous déplacer et sans dépenser un rond vous pouvez rigoler un moment sur le site internet (http://www.palazzograssi.it/) , vous aurez tous les commentaires, sommets de cuistrerie et d’auto célébration. Le décalage entre les prétentions affichées et les oeuvres exposées est abyssal mais comme disait ma tante de Berck, c’est l’intention qui compte.
Je ne résiste pas à vous recopier la page de garde de la fondation pinault (http://www.fondation-pinault.com/): Bienvenue sur www.fondation-pinault.com Nom de domaine réservé par l’intermédiaire de Financiere Pinault. Ca ne s’invente pas, d’autant qu’après il n’y a rien.
Heureusement à Venise il y a la biennale, pour l’architecture des pavillons nordiques et pour Irena Juzova, Sophie Calle, Herbert Brandl, Georg Baselitz, Gehrard Richter etc…Malheureusement à Venise il n’y a plus de chats, et les rats sont à la fête.
Un petit mot pour finir sur la Grèce.
En Grèce il n’y a pas assez de pompiers ni de canadairs. Il y a par contre une profusion de luxueuses berlines, des panneaux annonçant des travaux financés par la communauté européenne et dont on se demande s’ils dépasseront le stade de la première pierre, des bas cotés jonchés de déchets et de bouteilles de verre. Les grecs crient au complot moins dérangeant que d’assumer la cupidité et l’irrespect de la nature que leurs ancêtres leur ont confié. J’y ai vu Athéna jeter son mégot par la fenêtre de sa mercedes noire.