Librairie éphémère et Théatre les 11 et 12 février

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Samedi 11 et dimanche 12 février 10h00/17h00

Entrée libre

Librairie éphémère

Les collections de Jean-Pierre Huguet éditeur

editionhuguet.com

Samedi 11 février à 18h00

Théâtre

Joëlle Aubert – ”Diotime et les lions” de Henry Bauchau

Association loi de 1901 Adhésion et 1° entrée 15 € PAF adhérents 10 €

«DIOTIME ET LES LIONS»

Diotime – une petite fille sauvage, pleine de forces et de désirs enfreint les lois de son clan, gagne sa liberté de femme et accède à la sérénité en combattant des lions.

Un récit qui croise des univers apparemment antithétiques – la culture grecque et son organisation rationnelle et policée face à la fureur des tribus chasseuses de lions. Désir d’apaisement, possible uniquement dans la réconciliation du corps et de l’esprit, croisement des mondes occidental et extrême-oriental ….

Il y a dans ce texte quelque chose qui l’apparente aux récits homériques et demande une réceptivité proche de l’abandon.

Henry BAUCHAU

C’est par la psychanalyse qu’Henry Bauchau, né en 1913, entre en écriture. Poète, romancier, dramaturge : son premier recueil de poème -Géologie- paraît en 1958 et obtient le prix Max Jacob. En 1960, Ariane Mnouchkine monte sa pièce –Gengis Khan- aux Arènes de Lutèce.

Par son cycle mythologique – Oedipe sur la route (1990), Diotime et les lions (1991), Antigone (1997) il accède à une reconnaissance mondiale.

Bauchau mêle l’enthousiasme mystique et la connaissance de l’Antiquité à la psychanalyse, aux philosophies asiatiques et à la foi chrétienne. C’est ainsi qu’il définit son art : «L’inspiration est toujours délirante, dionysiaque – pour reprendre l’expression de Nieztzsche. Elle a besoin de la conscience ordonnée, musicale, apollinienne. C’est un équilibre. Quand Alexandre Le Grand brûle le palais de Persépolis, il fait basculer la Grèce sous la suprématie de Dyonisos. Elle ne s’en est jamais relevée.»

Joëlle AUBERT

Formée à la danse contemporaine par Karine Waehner ; agrégée de russe et passionnée de théâtre elle dispense son enseignement dans ces deux disciplines. Au Lycée de Montgeron, elle a formé pendant plus que quinze ans les élèves de section théâtre en collaboration avec des comédiens et des metteurs en scène : Claire Le Michel, Brice Beaugier, Julien Parent, Jean-Paul Mura, Philippe Berling.

Dans sa pratique théâtrale elle s’intéresse à la mise en voix et en espace de récits. Elle donne corps à des textes tels que « La vie d’André Dufourneau » (tiré des « Vies minuscules » de Pierre Michon) , les nouvelles de Jean Pierre Otte, Bernard Quiriny, Beckett (« Molloy »), Marcel Spada. Henry Bauchau lui offre la possibilité d’explorer l’épopée avec « Diotime et les lions ».

Elle intervient depuis deux ans à la Sorbonne aux côtés de Berhnard Engel dans le cadre de l’atelier de lecture à voix haute où elle dirige la préparation physique des étudiants.

REGARDS SUR « DIOTIME »

Joëlle Aubert a commencé par m’étonner quand elle m’a annoncé qu’elle allait jouer tout le texte du début à la fin, apprendre et jouer le livre en entier. Il n’y a plus grand monde de nos jours pour apprendre des livres en entier dans nos contrées. Et puis elle a joué avec une sobriété , une rigueur, une justesse exemplaires. Incarné tout en restant à l’exacte distance. Courage de plonger dans les grands abîmes de nos interdits, des pulsions animales, des tabous de nos «plus lointains souvenirs». Ces lointains où sont d’incessants échanges, d’incessants allers-retours entre les espaces et les temps – entre Orient et Occident, entre masculin et féminin, entre les générations et les âges. Ces lointains qui sont d’infinies traversées de contraires.

Philippe Berling, metteur en scène, 7 janvier 2007

Ceux qui la connaissent savent que Joëlle Aubert est de ces gens qui aiment lire, lire pour soi-même certes, mais aussi lire à voix haute, relire un texte aimé pour le partager avec des élèves, des amis, un public. Lire comme on donne. Peut-être n’est-ce pas un hasard si Diotime et les lions commence par un don : ce don que fait Cambyse à Diotime d’un poulain ; le don de la double vie qui est celui de l’enfance et de l’âge adulte en même temps ; le don du double sexe, masculin et féminin conjugués. L’humain, l’animal et le divin ensemble, tout cela est donné dans le pacte de sang conclu avec les lions. Mais on ne saurait donner que ce qu’on s’est d’abord pleinement approprié. Telle est encore la leçon de l’amour exclusif de Cambyse pour Diotime. La mort qui réunit l’ancêtre et le vieux lion est à la fois une transmission et une restitution : transmission de la lance du vieux chasseur au jeune Arsès et restitution de la jeune fille à elle-même. Sans doute est-ce ce qui rend si sensible le mouvement par lequel Joëlle Aubert abandonne le livret d’Henry Bauchau, le mémorise, se l’approprie pour le restituer à l’espace commun de la scène. Elle ne tente pas de le théâtraliser. Ce qu’elle joue, c’est le sens même de ce qu’est une transmission. Sa fidélité à l’esprit du mythe tient à cela : faire en sorte que ce qui s’annonçait comme une lecture se mue peu à peu en mémoire de l’immémorial. On ne peut mieux comprendre ce que c’est qu’apprendre par coeur.

Christian Drapron, dramaturge, 3 janvier 2007

Joëlle Aubert – passeuse de mots de Bauchau … A l’image de la simplicité de Bauchau, son petit livre sur un banc…. En réponse à la gravité et à la profondeur du texte, les couleurs dont s’est vêtue Joëlle ; et puis cette diction, la voix profonde, dense, d’emblée respectueuse des silences… Avec les mots d’Henry Bauchau qui sont devenus siens, elle nous emmène dans la quête de cette Diotime, loin des sentiers battus, sur les chemins de l’exigence, de l’amour, de la découverte de soi, entre barbarie et civilisation

Françoise Etchevry -«Théâtre Toujours», 26 novembre 2006